Photographies archives 1 et 2 exposées à la Galerie Héloïse, 2022

Dans le cadre de l'exposition "La bas chez Héloïse".

Vue de l'exposition FROM: TO: 

Archive 1, 2021, photographie numérique 215x210 cm, Courtesy of the artist

 

 

Invitée à la galerie Angle d’art située à l’intérieur de l’hôtel de ville de Bagnolet, Mélanie Feuvrier a choisi, avant tout, de mener l’enquête dans ce bâtiment à l’architecture singulière. En écho à de précédents travaux sur le travail et ses représentations, elle a, cette fois-ci, décidé de mettre l’accent non pas sur les travailleurs mais sur le résultat de leur travail, leur production et finalement la trace matérielle de leur mission. Cette trace prend ici la forme de dossiers d’archives pour certains parfaitement identifiables et localisables et pour d’autres complètement flous et abstraits. 

 

Ce double point de vue sur les archives interroge le rôle et la valeur de l’archive elle-même. Matière première de l’historien dans l’écriture du passé, les archives forment un vaste et imposant corpus de données transmises de génération en génération. Une sensation de vertige ou de flou face à elles n’est donc pas étonnante. Par où commencer ? Qu’en retenir ? Qu’en dire ? Au début de sa quête et face à son corpus, l’historien se pose inévitablement ces questions. La photographie monumentale de Mélanie Feuvrier illustre parfaitement ce sentiment de désorientation et de doute face aux archives : qu’avons-nous en face de nous ? 

 

C’est par un long travail de consultation et de croissement des sources que les archives parlent et se dévoilent petit à petit. D’abord considérées comme une masse uniforme et monumentale, les archives s’individualisent et se singularisent au fur et à mesure. L’historien, en interrogeant les traces du passé, fait la mise au point sur elles et permet d’en comprendre tous les enjeux. La seconde série de Mélanie Feuvrier témoigne de ce passage et de la meilleure perception des archives. Elles ne sont plus si effrayantes et si imposantes mais bien lisibles et compréhensibles.

 

En adoptant le regard d’un historien, Mélanie Feuvrier illustre très justement cette lente mise au point et le dévoilement des archives qui précédent et garantissent leur bonne transmission.

 

Commissaire d'exposition Fanny Fernandez du collectif espace fine